posté le 15-01-2019 à 21:49:42

 

Introduction 

 

    Fascinante, redoutable et redoutée, la mort est, en art comme en philosophie, un

thème qui n'a de cesse de nous captiver. Omniprésente dans les art figuratifs comme

dans les arts abstraits, la conscience de sa propre finitude s'offre à l'homme en contraste

de son sentiment d'immortalité. 

     Avant de nous livrer, comme promis, à une critique plus détaillée d'oeuvres, voici un

petit avant-propos concernant la perception de la mort à travers les âges.

 

 

 Hamlet, récitant le célèbre soliloque "To be or not to be" 

© Hamlet (1948), directed by Sir Laurence Oliver

 

  

    Dans la tradition judéo-chrétienne, l'homme n'avait originellement pas été créé pour

être mortel, et jouissait d'un bonheur et d'une abondance sans limite dans le jardin d'Éden.

La mort est née du péché, et a alors revêtu une fonction punitive, s'abattant sur les

coupables comme sur tous les hommes qui les suivraient. Elle est donc porteuse d'une double injustice: celle d'être subie pour une faute que l'on a pas soi-même commise, et celle d'avoir été, en réalité, parfaitement évitable.

   Cependant, le Nouveau Testament introduit, avec le Christ, une conception de la

mort que l'on retouve communément dans les autres cultures religieuses: Il ne s'agit plus

seulement du corps mais de ce qui adviendra de l'âme. Jésus offre aux hommes la possibilité de se racheter, d'atteindre un Eternel qui donne à la mort physique une dimension beaucoup plus acceptable et positive.

 

   Au Moyen-Âge, la mort a une place de choix, non seulement dans les arts mais aussi

et surtout dans la vie quotidienne des gens. Frappée par les famines et épidémies successives, cette période se voit surtout subir les influences du clergé, qui a bien

compris que la peur de la mort pouvait avoir des conséquences lucratives. L'église met

alors l'accent sur la nécessité de se repentir pour atteindre la vie éternelle, attirant ainsi

de plus en plus de chrétiens. Conjointement, elle choisit d'associer à la mort des

représentations de la souffrance en utilisant l'image de la passion du Christ. 

   

    C'est cependant à la Renaissance, et avec l'essor de l'art Baroque, que les représentations de la mort vont peu à peu se modifier. Dans le baroque, qui privilégie

les couleurs vives, les représentations exagérées, l'illusion est utilisée et les frontières

entre la mort et la vie sont aplanies. C'est à ce moment là qu'a lieu la multiplication des

Vanités, ces oeuvres représentant généralement des crânes humains pour rappeler au

spectateur le célèbre "memento mori", "souviens-toi que tu vas mourir". 

 

 

 

Pieter van Steenwyck, ars longa, vitta brevis

 

 

     La vision de la mort a continué à évoluer, et le siècle des Lumières ne fut pas de

reste en la matière. La science prend peu à peu une place qui annonce déjà la

diminution de l'influence religieuse. La vision de l'homme change: il devient bon de

nature, vertueux, on s'attache à cultiver ces vertues et à tenir la mort éloignée.

Avec le progrès scientifique, la médecine s'améliorent, les connaissances en anatomie

se précisent. Parallèlement, les débats sur les exécutions de l'église Inquisitoriale

s'étayent. C'est le début de la démystification de la mort.

 

   Aujourd'hui, l'image que nous nous en faisons est bien différente. Il est fortement

probable que l'horreur des deux guerres mondiales qu'aura connu le 20ème siècle

en ait modifié notre perception.On lui enlève même son caractère punitif avec

l'abolition officielle de la peine de mort en France, en 1981.

   Il semble qu'il y ait eu une nécessité de dédramatiser l'oeuvre de la Faucheuse, allant

même parfois la priver de son aspect tragique voire la rendre humoristique. C'est

ainsi que l'on voit apparaitre de nombreuses oeuvres dans lesquelles la mort n'est

plus cette idée effroyable de la finitude humaine, cette insupportable incertitude, mais

un personnage à part entière, parfois grotesque, parfois distingué, mais rarement mauvais ou agissant arbitrairement. 

    C'est d'ailleurs, entre autre, en cela que la vision anthropomorphique de la Mort

prend tout son sens: on ne peut la personnifier sans lui prêter une intention, peut-être même des affects. En somme, la Faucheuse est dépouillée de son caractère absurde

et incompréhensible: elle n'intervient jamais sans raison. 

 

 

 

 

La suite en page 4 ↓ (n'ayez pas peur...) 

 


Commentaires

 

1. Florentin  le 16-01-2019 à 08:37:16  (site)

Instructif, mais globalement peu rassurant. Florentin

 
 
 
 

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