posté le 16-01-2019 à 20:48:55

 

 

L'Étrange Vie de Nobody Owens 

  

 

 L'Etrange vie de Nobody Owens, Neil Gaiman,
Albin Michel, illustré par Chris Riddell

 

 

 

L'Étrange Vie de Nobody Owens [texte imprimé] / Neil Gaiman, Auteur . - [S.l.] : Albin Michel Jeunesse ; [S.l.] : J'ai Lu, 2009. - 320 pages: Traduit de l'anglais par Valérie le Plouhinec, illustré par Chris Riddell; 14,5 x 21,5 cm. - (Collection Wiz; 90) .

 

Note générale: - ISBN 978-2-226-18954-7 : Edition brochée 13EUR90.

 

Note de contenu

   Ce roman est, à l'origine, destiné à un public relativement jeune (cf. sa publication

dans une collection Jeunesse) mais fait vraiment partie de ces romans que l'on dévore à

tout âge avec un plaisir immodéré. 

   Plongé dans un univers sombre et déjanté, le lecteur ne pourra s'extraire inchangé de

cette atmosphère qui ravira les fans de Tim Burton par ses similitudes.

 

   On appréciera également beaucoup la couverture, très sobre et dans l'esprit du livre: 

entouré d'objets macabres et d'un cadre ancien se trouve le profil d'un garçon, que l'on

imagine relativement jeune, mais qui n'est rempli d'aucun détail. Il s'agit là de l'une des

caractéristiques principales de l'enfant: il n'est "nobody", "personne". Privé même de ce

constituant primordial de l'identité qu'est le visage, on devine aisément que l'un des fils

conducteurs de ce roman sera destiné à remplir cet espace blanc et découvrir qui est ce

garçon perdu. 

 

    Dès le départ, le mystère est à son comble, et il reste, même après avoir tourné la

dernière page, un arrière-goût d'inachevé qui pourra en décevoir certains.

Les personnages sont intéressants, quoi que peu développés en contraste avec le jeune

Nobody, qui se trouve constamment dans l'introspection. Déroutant de maturité, mais

aussi attendrissant par sa naïveté et ses réactions enfantines, Nobody est un

personnage auquel le lecteur pourra facilement s'identifier, pourvu qu'il puisse encore

trouver une trace de l'enfant qu'il a été.

   On s'attachera très vite à M. et Mme Owens, ainsi qu'aux étranges compagnons de

Nobody, comme Silas, le mentor et confident de l'enfant. 

 

   Ici, la mort est plutôt perçue comme une fatalité, mais une fatalité qui n'est pas si

dérangeante en soi. Les âmes ne sont ni plus malheureuses, ni plus heureuses qu'elles

ne l'étaient vivantes, elles ont juste accepté ne plus rien pouvoir changer au monde. 

   Pour autant, elle n'est pas non plus montrée comme quelque chose de désirable,

 

certains fantômes cachant Nobody pour lui éviter de mourir, ou l'incitant à faire des

choses tant qu'il est encore vivant. Elle peut être perçue comme une simple "autre

étape", une continuité de l'existance, qui la maintient sans réellement la faire perdurer

substantiellement. La frontière est aplanie, et le personnage de Silas en est le parfait

exemple: en tant que vampire, il n'est ni mort, ni vivant, remettant en cause l'habituelle

dichotomie de la vie et de la mort.

 

   L'une des notions intéressantes qui est abordée est celle du souvenir. Les morts

semblent vouloir laisser un impact de leur vivant. On le voit avec l'injonction que reçoit

Nobody de "vivre" et d'"accomplir" des choses, mais aussi et surtout avec le personnage

de Liza Hempstock. Liza était une sorcière qui a été brûlée vive. Lors de sa rencontre

avec Nobody, alors qu'il lui demande son nom, elle répond avec tristesse qu'elle n'a pas

de pierre tombale. Le nom sur la pierre tombale semble être le seul raccord à l'identité

que conservent les morts, et Liza se plaint de pouvoir être n'importe qui. Elle lui dit "Il n'y

a rien que des orties pour montrer où je repose." Il s'agit encore une fois de montrer, de

laisser une trace. Ce passage en dit long sur notre rapport non seulement à la mort, mais

aussi à l'idée vertigineuse de la perte d'identité qu'elle représente. L'importance de la

sépulture y a toute sa place. 

 

   J'ai vraiment adoré ce roman, découvert lors de sa parution, et alors que j'étais

adolescente. Je l'ai relu avec très grand plaisir et y ai découvert des éléments qui

m'avaient échappés la première fois, comme c'est toujours le cas avec les livres

marquants. 

 

Résumé: Coup du sort ou hasard formidable, un bébé parvient à s'extirper in extremis de

son berceau le soir où un homme s'introduit chez lui pour le tuer, lui et ses parents.

Échappant ainsi à un funeste destin, il rampe jusqu'aux grilles du cimetière voisin, où

Monsieur et Madame Owens, un couple de fantômes pris de pitié, décident de l'adopter.

Devenu Nobody (Bod) Owens, et élevé au milieu des tombes et des âmes qui les

habitent, on suit l'enfant à travers ses aventures et rencontres, bonnes comme

mauvaises. Mais ce sont surtout les interrogations sur la vie et la mort qui hantent le

quotidien du jeune Nobody, obnubilé par une quête identitaire dont rien ne pourra le

distraire.... Sauf peut-être l'ombre du tueur qui plane encore au dessus de lui, et qui, huit

ans plus tard, n'a toujours qu'une idée en tête: achever le travail qu'il avait commencé

des années auparavant et se débarrasser définitivement du bébé qui lui avait échappé.

 

808.3
Langues : Français (fre) Langues originales : Anglais (eng)
Mots-clés : Fantastique;mort;cimetière;enfant;meurtre;enquête;fantômes;famille;Identité

Indexation décimale : 843.0877 (Littérature fantastique) 

 


 
 
 

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