posté le 19-01-2019 à 16:49:04

 

L'Evangile selon Pilate

 

 

L'Évangile selon Pilate [texte imprimé] / Eric-Emmanuel Schmitt, Auteur . - [S.l.] : Albin Michel, paru en 2000, nouvelle édition en 2005. - 378 pages; 13 x 20 cm.

 

Note générale: . - ISBN 978-2-226-11674-1 : 19EUR90.

 

Note de contenu: N'ayant pas été élevée dans une quelconque foi, la connaissance la

plus approfondie que j'avais de cette histoire était la magistrale interprétation de Mel

Gibson, mais les saintes écritures me restent à ce jour inconnues (autrement que par les

recherches faites suite à la lecture de ce roman.). Pourtant, il n'est ni nécessaire de s'y

être plongé ni nécessaire d'avoir une croyance religieuse quelconque pour apprécier ce

roman à l'écriture précise et chaleureuse, ou du moins le lire avec curiosité.  

   

   Seuls les deux personnages principaux sont réellement notables. La manière dont

Yéchoua est dépeint, en désaccord total avec ce  que disent les Evangiles, m'a tout

d'abord parue étrange. Yéchoua doute. Yéchoua hésite. Il ne sait pas qu'il est fils de Dieu

avant de se plonger dans le puit qu'il a en lui. Hors, dans la bible, Yéchoua sait qui il est,

a toujours ressenti un sens du devoir par rapport à ce rôle qui lui incombait et

reconnaissait Dieu comme son père bien avant l'âge du Yéchoua d'Eric-Emmanuel

Schmitt. On ne peut que se demander pourquoi l'auteur a fait un tel choix pour son récit. 

   Mais ce qui est notable à propos de Yéchoua, c'est qu'il est avant tout un homme. Ce

qu'on sait de lui par la bible nous pousse à l'associer immédiatement à l'image du

Messie, de la crucifixion, du fils de Dieu. Mais avant tout cela, Yéchoua a été un homme,

avec une histoire, et quoi qu'en décalage avec la Bible, l'homme décrit par Schmitt a

vécu une vie proprement humaine, avec des doutes, des angoisses, des désirs. 

    Pilate, lui, a un ton beaucoup plus tragique que celui de Yéchoua, alors même que ce

n'est pas lui qui va mourir. Il est dépeint comme un homme droit, parfois hésitant, mais

qui sait être ferme et déterminé.  

Il a beau être celui qui a fait condamner le "Magicien", comme il le nomme, il n'en a pas

moins essayé d'inverser le court des choses, par appréciation de l'homme qui avait

sauvé sa femme par l'un de ses miracles. Tout au long du récit, Pilate semble avoir

réellement écouté ce que Yéchoua voulait et avait à dire. Il y a cependant un décalage

entre sa culture romaine et le mode de pensée religieux des habitants de Judée. Pilate

tolère, voire respect les discours sur l'amour et la religion, mais a une conscience

beaucoup plus pragmatique et pense que cela ne peut en aucun cas suffire aux

hommes.

 

 

    Dans ce livre, il n'y a aucun coupable, juste des circonstances. La mort est

inévitable mais ne doit d'ailleurs pas être évitée. Il y a l'idée de l'acceptation, encore

une fois, même s'il ne s'agit pas de la même que celle d'un homme qui accepterait

seulement de mourir, sans promesse d'un Après. Cependant, le pari Pascalien de

Yéchoua nous renvoie à cette forme d'acceptation de la mort sans garantie. Dans ce

roman, Yéchoua ne sait pas, il parie. S'il perd, alors, il ne perd que la vie et ne s'en

rendra pas compte, plongé dans un éternel repos. Mais s'il gagne, il gagne tout. 

   C'est une vision de la mort relativement positive, et ne nécessite pas d'être le Christ

pour s'en rassurer.

   L'idée de la résurrection de Yéchoua, est, en revanche, une divergence de l'ordre des

choses, et n'est pas réservée au fils de Dieu, puisque celui-ci fait revivre son ami Lazare.

Il n'empêche que pour Yéchoua, c'est cette résurrection qui lui confère un caractère

proprement divin. 

 

    J'ai beaucoup regretté que la première partie soit plus courte que la seconde, car j'ai

gloabelement trouvé le cheminement de Yéchoua au cours de son existence plus

intéressant que les délibérations et craintes de Pilate. Ce fut toutefois une lecture

captivante, comportant de nombreux éléments d'une histoire bien connue que l'on aurait

peut-être pas envisagés autrement. 

 

Résumé: Dans cet ouvrage en deux parties, Éric-Emmanuel Schmitt réécrit l'une des

plus célèbres parties de la bible en changeant la focalisation. 

 

   La première partie est écrite du point de vue de Yéchoua, et retrace les moments clés

de sa vie, puis plus tard ceux de sa mort, et de sa résurrection. Elle commence avec

l'attente de la venue de ses bourreaux, mais ne s'arrête pas au seul récit de son

arrestation. On y retrouve des passages de son enfance, où le cercle commence à se

tracer avec la découverte de sa mortalité (ou plutôt, celle de sa non-immortalité, qui

semble être l'apanage des jeunes enfants). On le suit alors dans une vie étonnante et à

la fois simple, en décalage avec ce qu'étaient typiquement celles des juifs de Nazareth.

Yéchoua pense librement. Yéchoua ne se soucie de l'avis de ceux qui voudraient le voir

adopter un mode de vie plus « rangé ». Yéchoua soigne par les mots, opérant des

miracles qu'il ne peut expliquer, prône l'amour en général plutôt que l'amour particulier

qui semble satisfaire les autres. 

    Et puis un jour, c'est au fond de lui qu'il trouve la vérité, au fond de lui qu'il parvient à

se glisser dans ce puit sans fond pour entendre les mots de son Père.

On assiste alors à sa lente réalisation. D'abord par les dires du prophète Yohanân, puis

par à-coups successifs, le pari qu'il fait, très Pascalien, de croire, lui aussi, qu'il est le fils

de Dieu, venu au monde pour y mourir et racheter l'homme. 

    La première partie s'achève assez subitement, sur l'acceptation de son destin, sans

mention de douleur ni de souffrance, juste comme il avait commencé, dans cette

attente résignée.

 

    La seconde partie est composée de plusieurs lettres, envoyées par le préfet romain

Ponce Pilate à son frère, Titus. Elles commencent au moment où le prologue de

Yéchoua s'arrête, et fait état de la situation du préfet à Jérusalem, de l'arrestation, de la

flagellation, du procès, puis du mystère entourant la disparition du corps, et enfin de la

résurrection.



Roman
Langues : Français (fre)
Mots-clés : Jésus;évangile;ponce pilate;religion;bible;réécriture;lettres;mort;croyances;dieu
Indexation décimale : 843.92 (Roman de langue française (2000 à nos jours))


 

 


 
 
 

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